Le 25 mars 1918

                                                                                                                                                 Le 25 mars 1918

                       Mon Mimi Chéri !

Quelles cruelles journées (que) nous venons de passer accompagnées de nuits toutes en alertes!

J'ai du chagrin à penser toutes les angoisses qui vont t'assaillir!

Jusqu'ici nous sommes toutes saines et sauves, bien que la nervosité nous gagne et la fatigue de toutes ces péripéties diurnes et nocturnes.

Les quartiers qui sont autour de la Bastille ....... tu me comprends ........ voient la danse de bien près. La 1ère ce matin est tombée à 6h30 Bvard Richard Lenoir pres de la rue du Chemin de Fer. Samedi et Dimanche (à proximité) et puis place de la république Cléry-Lancry-Est terminus etc. Sans oublier la banlieue.

Je n'ai pu t'ecrire hier, j'étais courbaturée, mon sommeil est envolé, je me couche tout habillé de cette façon, l'alerte me trouve toujours prête.

Le reveil matin tonne à partir de 6 heures !!!...

Samedi, les bureaux ont été fermés toute la journée et les courriers arrivent difficilement.

A 10h premier courrier ce matin, je recois 3 lettres de toi qui me font grand plaisir, et ont apporté à mon esprit bouleversé un peu de calme, l'angoisse m'etreint de pressentir votre entrée en pleine bataille...

Surtout, Mimi Chéri, ecris moi le plus souvent que tu pourras.

Je te quitte en te remerciant de tes aimables et réussies surprises, elles me font un plaisir bien doux...

Maman, Tante henriette et Nenette sont en bonne santé et te présentent leurs amitiés.

Je n'ai pas de nouvelles de notre chère mignonne depuis tous ces bombardements et raids aeriens, mais j'espere sa santé toujours bonne, je glisse tous ses gros baisers, et ses caresses, dans ma lettre.

En terminant, je pense a la douceur que j'aurai à me reposer près de toi et ou seul, mon coeur peut retrouver sa quietude.

je t'envoie mes plus affectueuses pensées et te promettant une longue lettre demain, si la situation ne s'aggrave pas, je t'embrasse bien tendrement, mes levres pres des tiennes auxquelles j'aspire de toute mon ame .

Dory

 qui pense bien à son Mimi