Le 21 Mars 1918

Le 21 Mars 1918

21h15

Mon Mimi Chéri !

Voici un des instants les plus heureux que j'entrevois lorsque tu es loin de moi, c'est de pouvoir causer un peu avec toi mon Mimi.

aujourd'hui j'ai été à Enghein voir Madame Sauvestre, tu n'ignores pas que la conversation à été fort engagée, sur toi.

Madame Fragne, Madame bellamant ainsi que madame Sauvestre te présentent leurs compliments et leurs sympathiques souvenirs.

tout le monde est en bonne santé.

Crois-tu, Mimi chéri! que j'ai mis juste 10" pour aller à la gare, prendre le train de 6h08? inutile de te dire que je n'avais pas froid!

Dans la matinée du 20 je suis allée demander à Mme Le Mouton si les nouvelles etaient plus rassurantes de la soeur à Marie. j'ai été heureuse d'apprendre et de pouvoir te transmettre que la malade divague beaucoup moins, le docteur la trouve mieux et son mari, ainsi que sa soeur ont pu rester près d'elle presque une heure.

J'ai vu Georges pendant quelque minutes avant son déjeuner, il m'a prié, ainsi que sa mère, de te faire part de leurs sincères amitiés.

A Paris, le temps est toujours variable mais depuis deux jours, les nuits sont extremement claires!!! quel cafard elles occasionnent à tout le monde.

Je crois avoir oublié de te dire sur ma lettre précédente que le dentiste fait suivre à ma dent un traitement nouveau, "l'electrolyse", ce n'est pas très douloureux. Le but de ces scéances est une aseptie complète de la partie malade.

J'espere te lire longuement demain, mon Mimi Chéri ! et c'est avec une heureuse impatience que je voudrais voir les petites photos qui me font tant plaisir, et apportent à mon esprit le charme des heures délicieuses qu'elles ont fixées.

Maman, Tante Henriette et Nénettesont en bonne santé ainsi que moi, et notre chère mignonne, que je vais allér embrasser demain. Je glisse tous ses gros baisers et ses caresses dans ces lignes.

Tout le monde te présente leurs amitiés.

Qand à moi, désirant que ma missive te trouve bien portant, je te quitte en t'embrassant bien tendrement,

dory

qui pense à son Mimi